Que reste-t-il ?
D’ici, j’entends le bruit du métro qui s’arrête, tel un chien qui glapit derrière une porte, ainsi que les clameurs jaillissantes du volcan provenant du ballpark du Bronx. J’entends les murmures de passage et les pas retardés des voyageurs, qui résonnent sous l’horloge de Grand Central. Je suis encore ébloui par l’incandescence de Times Square, qui projette sur des écrans interminables, ses images narratives. J’entrevois toujours le compte à rebours des rues, de 132 à 59, qui défile updown, d’Harlem à Colombia Circle. Ma rétine ne cesse de restituer les visages enjolivés ridés et lissés des new-yorkers, s’acheminant je ne sais où. Je discerne encore les effluences gourmandes, émanant des trottoirs, douce tentation exhalant mon appétence et celle des passants.
La Sugar Hill perle sur les rebords de mon verre et chevrote encore sous le timbre de la voix de Cynthia Holiday. Je bois d’un trait le son du saxophone de Peter Valera, assoiffé de jazz et de swing, ... je suis désaltéré…
Je reste toujours accroché, sans doute pour l'éternité, aux ponts de la cité, lié à tous les burroughs de la ville, toutes les pièces de ma demeure… Je cours, je navigue, je vole, mais je reviens toujours à New York…